Opinions
Pour une lettre à la porte : Billet d'économie politique
[Mathieu Parent]
Mis en ligne le 11 mars 2014, parution : Volume 3, numéro 5
La
pensée politique néolibérale et conservatrice laisse un grand vide en nous éloignant d'une vision sociale
et collective, voire nationale de l'économie. Mettre des travailleurs à la porte, casser des bonnes
conditions de vie et de travail, laisser aller la réduction du pouvoir d'achat, exploiter les autres, challenger des écosystèmes
multimillénaires et ne pas respecter la vie privée sont devenus une bonne chose selon cette « pensée magique ». S'y mélange tout : politiques d'État et régime capitaliste d'entreprise, droits humains et libertés de commerces, cultures et loisirs, arts et cuisine, humanités
et religions, justice sociale et programmes sanitaires, foi et conscience.
On sait que les services publics, prenons le cas de la poste, seraient impossibles par le cumul d'intérêts individuels. Il est normal qu'un service public qui relie l'ensemble de la population soit une dépense, mais on laisse croire qu'il devrait en être autrement. Pour que les services publics fonctionnent, on doit s'attendre à ce que tous les groupes, citoyens, personnes morales et individus participent, dans la mesure des bénéfices qu'ils tirent de l'organisation du travail et de l'économie, à maintenir des services et des institutions publiques de qualité pour tous et chacun.
Mais sur le terrain, les aides de nos institutions vont dorénavant plutôt au développement des projets privés de ceux qui ont déjà beaucoup, tel que ceux qui acceptent de penser leurs activités selon des objectifs qui peuvent plaire à des administrateurs d'affaires ou à des pairs qui jouent aux administrateurs. Les caisses d'épargne des travailleurs participent à cela. Une pensée juste envers tous ne nous incline-t-elle pas au contraire ? Mais l'injustice n'étant plus abordée comme telle dans la sphère publique, mais plutôt comme un problème de gestion, quelle justice est alors possible ?
Le corporatisme régnant qui broie les personnes, mais protège des organismes virtuels, nous éloigne vraisemblablement d'une pensée cosmopolitique ou républicaine rendant possible l'existence de collectifs sensés nous servir, nous éclairer et partager des réponses aux complexes défis sociaux, culturels et environnementaux de notre monde. L'enfermement de plusieurs de nos élites dans une idéalisation de l'économie comme étant le produit de régulations économiques invisibles, comme le suggère une interprétation pervertie et obscurantiste de la pensée d'Adam Smith, concorde à l'abandon d'une conception socio-communautaire de l'économie et contribue à nous tromper.
Une chose me semble claire cependant; c'est que le rejet de cette conception nous met face à un grand vide sur le plan politique. Dans le contexte de cette grosse paresse et cette lâche farce, faut-il s'étonner qu'on ne veuille plus de lettres à la porte, comme si cela allait faire disparaître les factures et.... Oups ! les travailleurs aussi.... en faisant comme si ça n'existait pas...
et les chômeurs... en faisant disparaître l'assurance-chômage... disparus!
... et les milieux fragiles... en les dissolvant dans le PIB... disparus! ... comme par magie !
Le vide auquel nous faisons face en politique est toutefois aussi probablement le reflet de l'absence d'un peuple et de communautés qui s'affirment et qui comprennent l'intérêt de s'unir autour des responsabilités fondamentales et de projets majeurs. Dans cette absence, les groupes élus par des minorités au prorata de la population et exerçant leurs pouvoirs dans les gouvernements continuent de subvertir le politique et facilitent l'exacerbation d'intérêts individuels en profitant d'une masse divisée en clientèles, employés, amis et employables.
A contrario n'est-ce pas une part importante du rêve de la démocratie que la masse apprenne à profiter pour elle-même de son nombre ainsi que des capacités et talents qui la constituent pour s'investir à mettre en ordre les choses, évitant dans un idéal de justice, les abus d'exploitation et l'appauvrissement de son environnement ?
On sait que les services publics, prenons le cas de la poste, seraient impossibles par le cumul d'intérêts individuels. Il est normal qu'un service public qui relie l'ensemble de la population soit une dépense, mais on laisse croire qu'il devrait en être autrement. Pour que les services publics fonctionnent, on doit s'attendre à ce que tous les groupes, citoyens, personnes morales et individus participent, dans la mesure des bénéfices qu'ils tirent de l'organisation du travail et de l'économie, à maintenir des services et des institutions publiques de qualité pour tous et chacun.
Mais sur le terrain, les aides de nos institutions vont dorénavant plutôt au développement des projets privés de ceux qui ont déjà beaucoup, tel que ceux qui acceptent de penser leurs activités selon des objectifs qui peuvent plaire à des administrateurs d'affaires ou à des pairs qui jouent aux administrateurs. Les caisses d'épargne des travailleurs participent à cela. Une pensée juste envers tous ne nous incline-t-elle pas au contraire ? Mais l'injustice n'étant plus abordée comme telle dans la sphère publique, mais plutôt comme un problème de gestion, quelle justice est alors possible ?
Le corporatisme régnant qui broie les personnes, mais protège des organismes virtuels, nous éloigne vraisemblablement d'une pensée cosmopolitique ou républicaine rendant possible l'existence de collectifs sensés nous servir, nous éclairer et partager des réponses aux complexes défis sociaux, culturels et environnementaux de notre monde. L'enfermement de plusieurs de nos élites dans une idéalisation de l'économie comme étant le produit de régulations économiques invisibles, comme le suggère une interprétation pervertie et obscurantiste de la pensée d'Adam Smith, concorde à l'abandon d'une conception socio-communautaire de l'économie et contribue à nous tromper.
Une chose me semble claire cependant; c'est que le rejet de cette conception nous met face à un grand vide sur le plan politique. Dans le contexte de cette grosse paresse et cette lâche farce, faut-il s'étonner qu'on ne veuille plus de lettres à la porte, comme si cela allait faire disparaître les factures et.... Oups ! les travailleurs aussi.... en faisant comme si ça n'existait pas...
et les chômeurs... en faisant disparaître l'assurance-chômage... disparus!
... et les milieux fragiles... en les dissolvant dans le PIB... disparus! ... comme par magie !
Le vide auquel nous faisons face en politique est toutefois aussi probablement le reflet de l'absence d'un peuple et de communautés qui s'affirment et qui comprennent l'intérêt de s'unir autour des responsabilités fondamentales et de projets majeurs. Dans cette absence, les groupes élus par des minorités au prorata de la population et exerçant leurs pouvoirs dans les gouvernements continuent de subvertir le politique et facilitent l'exacerbation d'intérêts individuels en profitant d'une masse divisée en clientèles, employés, amis et employables.
A contrario n'est-ce pas une part importante du rêve de la démocratie que la masse apprenne à profiter pour elle-même de son nombre ainsi que des capacités et talents qui la constituent pour s'investir à mettre en ordre les choses, évitant dans un idéal de justice, les abus d'exploitation et l'appauvrissement de son environnement ?