Éditorial
Taisez-vous !
[Pierre-André Savard]
Mis en ligne le 11 mars 2014, parution : Volume 3, numéro 5
Le Parti libéral du Québec demeure dans l'imaginaire collectif un parti d'idées et de changements. Ce parti a grandement contribué au Québec moderne. La Révolution tranquille, la nationalisation de l'électricité ou la construction de barrages titanesques dans le Grand Nord sont quelques exemples de l'héritage de ce parti. Aujourd'hui, le PLQ n'est plus l'ombre de lui-même et capitalise sur des réalisations d'une autre époque. Bref, les idées ont quitté le Parti libéral du Québec.
L'absence d'idées et de visions au PLQ n'est pas étrangère à l'absence de débats qui afflige le parti depuis plusieurs années. Il n'est plus permis de débattre au sein de cette organisation et l'histoire récente du Parti le prouve. Lorsque Thomas Mulcair était ministre au sein du gouvernement Charest, il fut rétrogradé pour son opposition au projet de privatisation du Parc national du Mont-Orford. On se souvient aussi de la démission de Monique Jérôme-Forget et de Lyne Beauchamp parce qu'elles ne pouvaient approuver certaines décisions de leur chef de l'époque.
En 2013, le PLQ a un nouveau chef, Philippe Couillard. Sous sa gouverne, M. Couillard a poussé plus loin le musellement des membres du Parti et des députés libéraux. Le débat sur la laïcité qui a cours au Québec à l'heure actuelle et l'exclusion de la députée Fatima Houda-Pépin prouve l'autoritarisme du chef et de l'establishment libéral. Pendant que les principaux partis politiques du Québec débattent de la laïcité de l'État, le Parti libéral est absent depuis l'automne dernier en ce qui concerne cet enjeu. Dans une récente entrevue de Mme Houda-Pépin à l'émission Tout le monde en parle, elle révéla que M. Couillard avait clos le débat au sein du Parti dès le mois d'octobre 2013. Tenant à ses convictions politiques, l'absence de lieu de débat au sein de Parti libéral força la députée à siéger comme indépendante. Le renvoi de Fatima Houda-Pépin envoie un message clair aux députés et aux militants du PLQ : taisez-vous, endossez la position du chef, sinon quittez. Au diable la collégialité et les principes démocratiques !
Lors de la même entrevue, Mme Houda-Pépin a mis le doigt sur une pathologie qui afflige le PLQ : le clientélisme. La députée rebelle affirmait que Philippe Couillard avait été incapable de se tenir debout face « à la ligne dure » du Parti qui se trouve à Montréal. Le chef du PLQ muselle donc le débat au sein de son parti pour ne pas déplaire aux clientèles montréalaises qui
lui sont acquises, soit la communauté anglophone et les communautés culturelles. Philippe Couillard a-t-il oublié que le Québec est composé de 17 régions administratives ? Pour des raisons électoralistes, l'aspirant premier ministre préfère nier la diversité d'opinion de l'ensemble des régions québécoises au sein de son organisation. En conséquence, il empêche une réflexion nécessaire qui pourrait être créatrice d'une position plus consensuelle et représentative de la diversité des diverses régions québécoises. Une position crédible qui pourrait aussi concurrencer celle du Parti Québécois.
Le clientélisme du PLQ n'est pas seulement envers la communauté anglophone et les communautés culturelles. Elle l'est aussi envers les élites économiques du Québec. On se rappellera que la grande majorité des annonces économiques faites par le gouvernement Charest – pensons au Plan Nord – était présentée devant les chambres de commerce et l'élite financière de la province. Or, l'économie n'est-elle pas censée bénéficier à tous les citoyens du Québec ? La surabondance d'annonces devant l'élite économique envoie comme message que le gouvernement travaille d'abord pour eux, dans l'intérêt de ces derniers. Rien pour diminuer le cynisme ambiant.
Les années de l'ère Charest, l'épisode du débat de la laïcité et le renvoi de Fatima Houda-Pépin montrent la déconnexion du Parti libéral et de son establishment envers ses députés, ses militants et, plus grave encore, la population du Québec. Par ailleurs, la trop grande proximité du PLQ envers ses clientèles empêche ce dernier de tout jugement critique. Cet empêchement se traduit par le musellement des députés et des militants de même que par l'absence de débats et d'idées. La déconnexion du PLQ est visible dans la faible représentation du vote francophone dans l'ensemble du vote libéral. Au dernier sondage Crop-La Presse datant du 18 février dernier, les Libéraux récoltaient 24 % d'appui chez les francophones contrairement à 50 % pour le PQ. Cette situation devrait inquiéter les apparatchiks du Parti libéral. Il semble évident qu'un rapprochement vers la population et la base militante du PLQ devrait être la priorité de Philippe Couillard. Sans cela, ce parti deviendra le parti de l'insignifiance à la solde d'intérêts particuliers. Bref, si M. Couillard souhaite devenir premier ministre du Québec, il devra prouver que le Parti libéral du Québec est à nouveau un parti d'idées proches de la majorité des électeurs et pas seulement à l'écoute de ses clientèles.
L'absence d'idées et de visions au PLQ n'est pas étrangère à l'absence de débats qui afflige le parti depuis plusieurs années. Il n'est plus permis de débattre au sein de cette organisation et l'histoire récente du Parti le prouve. Lorsque Thomas Mulcair était ministre au sein du gouvernement Charest, il fut rétrogradé pour son opposition au projet de privatisation du Parc national du Mont-Orford. On se souvient aussi de la démission de Monique Jérôme-Forget et de Lyne Beauchamp parce qu'elles ne pouvaient approuver certaines décisions de leur chef de l'époque.
En 2013, le PLQ a un nouveau chef, Philippe Couillard. Sous sa gouverne, M. Couillard a poussé plus loin le musellement des membres du Parti et des députés libéraux. Le débat sur la laïcité qui a cours au Québec à l'heure actuelle et l'exclusion de la députée Fatima Houda-Pépin prouve l'autoritarisme du chef et de l'establishment libéral. Pendant que les principaux partis politiques du Québec débattent de la laïcité de l'État, le Parti libéral est absent depuis l'automne dernier en ce qui concerne cet enjeu. Dans une récente entrevue de Mme Houda-Pépin à l'émission Tout le monde en parle, elle révéla que M. Couillard avait clos le débat au sein du Parti dès le mois d'octobre 2013. Tenant à ses convictions politiques, l'absence de lieu de débat au sein de Parti libéral força la députée à siéger comme indépendante. Le renvoi de Fatima Houda-Pépin envoie un message clair aux députés et aux militants du PLQ : taisez-vous, endossez la position du chef, sinon quittez. Au diable la collégialité et les principes démocratiques !
Lors de la même entrevue, Mme Houda-Pépin a mis le doigt sur une pathologie qui afflige le PLQ : le clientélisme. La députée rebelle affirmait que Philippe Couillard avait été incapable de se tenir debout face « à la ligne dure » du Parti qui se trouve à Montréal. Le chef du PLQ muselle donc le débat au sein de son parti pour ne pas déplaire aux clientèles montréalaises qui
lui sont acquises, soit la communauté anglophone et les communautés culturelles. Philippe Couillard a-t-il oublié que le Québec est composé de 17 régions administratives ? Pour des raisons électoralistes, l'aspirant premier ministre préfère nier la diversité d'opinion de l'ensemble des régions québécoises au sein de son organisation. En conséquence, il empêche une réflexion nécessaire qui pourrait être créatrice d'une position plus consensuelle et représentative de la diversité des diverses régions québécoises. Une position crédible qui pourrait aussi concurrencer celle du Parti Québécois.
Le clientélisme du PLQ n'est pas seulement envers la communauté anglophone et les communautés culturelles. Elle l'est aussi envers les élites économiques du Québec. On se rappellera que la grande majorité des annonces économiques faites par le gouvernement Charest – pensons au Plan Nord – était présentée devant les chambres de commerce et l'élite financière de la province. Or, l'économie n'est-elle pas censée bénéficier à tous les citoyens du Québec ? La surabondance d'annonces devant l'élite économique envoie comme message que le gouvernement travaille d'abord pour eux, dans l'intérêt de ces derniers. Rien pour diminuer le cynisme ambiant.
Les années de l'ère Charest, l'épisode du débat de la laïcité et le renvoi de Fatima Houda-Pépin montrent la déconnexion du Parti libéral et de son establishment envers ses députés, ses militants et, plus grave encore, la population du Québec. Par ailleurs, la trop grande proximité du PLQ envers ses clientèles empêche ce dernier de tout jugement critique. Cet empêchement se traduit par le musellement des députés et des militants de même que par l'absence de débats et d'idées. La déconnexion du PLQ est visible dans la faible représentation du vote francophone dans l'ensemble du vote libéral. Au dernier sondage Crop-La Presse datant du 18 février dernier, les Libéraux récoltaient 24 % d'appui chez les francophones contrairement à 50 % pour le PQ. Cette situation devrait inquiéter les apparatchiks du Parti libéral. Il semble évident qu'un rapprochement vers la population et la base militante du PLQ devrait être la priorité de Philippe Couillard. Sans cela, ce parti deviendra le parti de l'insignifiance à la solde d'intérêts particuliers. Bref, si M. Couillard souhaite devenir premier ministre du Québec, il devra prouver que le Parti libéral du Québec est à nouveau un parti d'idées proches de la majorité des électeurs et pas seulement à l'écoute de ses clientèles.