Montréal-Rimouski Caroline Gauvin-Dubé - 12 octobre 2014
22 h 15. Un dernier regard avant de disparaître dans la file.
Je t'aime, on se voit dans deux semaines, t'inquiètes pas ça va passer vite. On se dit ça chaque fois, mais chaque fois on braille quand même.
Au moins dans un bus, on a pas besoin d'entretenir la conversation. J'vais pouvoir m'isoler dans mon coin, penser à toi pis laisser les larmes couler avec le nouvel album de James Blunt dans les oreilles. Le bus, c'est chacun pour soi.
Je monte les marches. Fuck.
C'est plein. Une seule place de libre. Sérieux, j'ai rien contre les personnes avec un surplus de poids, sauf lorsqu'elles utilisent les transports en commun.
22 h 20: L'autobus quitte la gare.
Sept heures de route à faire avec la fesse droite à moitié dans le vide pis le cou tordu pour atteindre l'appuie-tête ; on peut oublier mes plans de dépression tranquille.
1 h 10. Premier arrêt : Lévis.
Je pensais que l'autobus se viderait un peu, mais Lévis avait un seul avantage : le Normandin 24 h. Je sors me dégourdir les jambes, m'acheter des bonbons au dépanneur. Après quinze minutes, tous les passagers sont de retour dans le bus. Le chauffeur mange sa pizza et ne se presse surtout pas.
2 h : On repart. Ma voisine, en plus de voler la moitié de mon siège, empeste maintenant la cigarette. Mon IPod est mort. Un monsieur ronfle plus fort que mon beau-père. Je pensais pas que c'était possible.
3 h 30. Deuxième arrêt : Rivière-du-loup. J'ai le cou bloqué, mes yeux chauffent, je commence à avoir mal à la gorge, ma bouteille d'eau est vide. Quelques sièges se libèrent. Ma voisine ne se réveille même pas, elle dort tranquillement, ses grosses fesses appuyées contre ma cuisse.
5 h 15 : Troisième arrêt : Rimouski.
Je t'aime, on se voit dans deux semaines, mais la prochaine fois j'prends mon char.