Une question de travail?
[Luce Thériault]
Mis en ligne le 11 avril 2014, publication : Volume 3, numéro 3
Une société salariale est, à la base, une société composée d’individus qui se font reconnaître par leur travail. En effet, sous cet angle, l’intégration sociale est particulièrement assurée par l’emploi. Avant que la société salariale soit à son apogée, les conditions de travail étaient difficiles et très peu considérées : la productivité et l’efficacité primaient. En cette situation, de nombreuses batailles ont été menées par les travailleurs afin d’obtenir un niveau de vie décent pour leur famille et pour eux-mêmes. Notamment, de nombreuses réformes gouvernementales ont été initiées et de nouvelles perspectives de vie ont été envisageables. En effet, au fil des décennies, la définition de la pauvreté a été améliorée au sein de la société et de l’État pour ne plus être considérée comme une responsabilité individuelle, mais plutôt comme « une question sociale à part entière qui interpelle la collectivité dans son ensemble » (Lefèvre et al., 2011 : 132). La pauvreté n’est plus seulement perçue comme une question de seuil, mais sous plusieurs dimensions telles que le logement, le revenu, la santé, l’emploi, etc. Ces luttes ont, pour la plupart, assuré une nouvelle forme de sécurité sociale aux travailleurs ; une sécurité assurée par l’État, par des mesures qui tentent de protéger les individus de toute insécurité financière qui pourrait les priver de participer à la vie en société. Par ce fait, la société salariale se caractérise par des emplois stables et protégés pour plusieurs et par des modalités de protection sociale.
Selon le Pacte pour l’emploi de 2008, « l’emploi est la première solution pour assurer la sécurité économique et l’inclusion sociale des personnes aptes au travail » (Lefèvre et al., 2011 : 134). Or, cela ne tient pas compte de la nature de l’emploi et du nouveau phénomène de plus en plus fréquent des « travailleurs pauvres ». Ce nouveau phénomène résulte des décisions économiques et politiques qui assurent une flexibilité croissante au marché du travail. Cette flexibilité de la main d’œuvre a provoqué, entre autres, trois effets : « l’insuffisance de la rémunération du travail, l’insuffisance de la quantité de travail et l’insuffisance de la protection sociale liée aux statuts » (Lefèvre et al., 2011 : 125). La nature des emplois et les questions de pauvreté et d’exclusion sociale sont alors étudiées parallèlement, car on remarque de plus en plus qu’un lien fort les unit. Pour la première fois, « l’existence même de “travailleurs pauvres” contredit le discours selon lequel l’emploi est le principal mécanisme de redistribution sociale » (Lefèvre et al., 2011 : 124). Par ailleurs, les logiques managériales contribuent au maintien des valeurs liées à la responsabilité et à la liberté individuelles.
Puisque la société est en continuelle évolution, la sécurité sociale des individus est complexe : les besoins se diversifient et de nouvelles demandes sociales se créent. Cependant, en observant le nouveau phénomène de « travailleurs pauvres », il semblerait que les interventions sociales ont de la difficulté à suivre le pas. On pourrait s’interroger sur le rôle de l’État et de ses décisions politiques face à la flexibilité croissante des travailleurs sur le marché du travail; la sécurité sociale des travailleurs est-elle remise en cause ?
Références bibliographiques
Lefèvre S., Boismenu G. et Dufour P. (2011), La lutte québécoise contre la pauvreté dans un contexte inégalitaire. Dans La pauvreté. Quatre modèles sociaux et perspectives, Lefèvre S., Boismenu G. et Dufour P, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal.
Selon le Pacte pour l’emploi de 2008, « l’emploi est la première solution pour assurer la sécurité économique et l’inclusion sociale des personnes aptes au travail » (Lefèvre et al., 2011 : 134). Or, cela ne tient pas compte de la nature de l’emploi et du nouveau phénomène de plus en plus fréquent des « travailleurs pauvres ». Ce nouveau phénomène résulte des décisions économiques et politiques qui assurent une flexibilité croissante au marché du travail. Cette flexibilité de la main d’œuvre a provoqué, entre autres, trois effets : « l’insuffisance de la rémunération du travail, l’insuffisance de la quantité de travail et l’insuffisance de la protection sociale liée aux statuts » (Lefèvre et al., 2011 : 125). La nature des emplois et les questions de pauvreté et d’exclusion sociale sont alors étudiées parallèlement, car on remarque de plus en plus qu’un lien fort les unit. Pour la première fois, « l’existence même de “travailleurs pauvres” contredit le discours selon lequel l’emploi est le principal mécanisme de redistribution sociale » (Lefèvre et al., 2011 : 124). Par ailleurs, les logiques managériales contribuent au maintien des valeurs liées à la responsabilité et à la liberté individuelles.
Puisque la société est en continuelle évolution, la sécurité sociale des individus est complexe : les besoins se diversifient et de nouvelles demandes sociales se créent. Cependant, en observant le nouveau phénomène de « travailleurs pauvres », il semblerait que les interventions sociales ont de la difficulté à suivre le pas. On pourrait s’interroger sur le rôle de l’État et de ses décisions politiques face à la flexibilité croissante des travailleurs sur le marché du travail; la sécurité sociale des travailleurs est-elle remise en cause ?
Références bibliographiques
Lefèvre S., Boismenu G. et Dufour P. (2011), La lutte québécoise contre la pauvreté dans un contexte inégalitaire. Dans La pauvreté. Quatre modèles sociaux et perspectives, Lefèvre S., Boismenu G. et Dufour P, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal.