Éditorial
Je parle de moi donc je suis
[Caroline Garon]
Mis en ligne le 18 janvier 2014, publication : Volume 3, numéro 4
Au Québec, il est maintenant de plus en plus abrutissant d’écouter les chaînes de télévision gratuites. En effet, dans plusieurs de leurs émissions, on nous présente un étalage insipide de la vie quotidienne de monsieur et madame tout le monde. Un peu de Moi et de Je au petit écran pourrait être à la rigueur tolérable. Cependant, depuis quelques années, on peut remarquer une augmentation graduelle du temps attribué à ce genre d’émissions, ce qui donne la tribune à une programmation qui vole bas intellectuellement tout en y gaspillant les fonds publics.
Faute de contenu constructif, le temps d’antenne est maintenant truffé d’émissions où l’on reçoit en entrevue des artistes ou des gens du public qui n’ont aucune expertise particulière et qui n’ont rien d’important à apporter à l’avancement de la société en général. Faites le décompte des Je, des Me et des Moi prononcés par ces vedettes instantanées lors d’une entrevue et vous serez à même de réaliser à quel point c’est pathétique. Où sont passés les autres pronoms, les nous, les vous, les on ainsi que les sujets potentiellement plus intellectuels ? Ces émissions sont des occasions pour ces étoiles filantes de mettre en scène leur vie de tous les jours qui est sans grand intérêt pour la majorité de la population, reléguant aux oubliettes les vrais enjeux de société comme l’environnement, l’économie et la pauvreté.
Ce qui irrite particulièrement avec cette nouvelle vague en télévision, c’est son effet sur les téléspectateurs, particulièrement les jeunes. Ils croient que la vie est ainsi : on parle juste de soi et de ce qu’on fait, en oubliant de s’ouvrir sur ce qui se passe autour de nous. C’est simplement le résultat du message envoyé par les médias : « J’existe seulement si les autres me regardent et s’ils m’écoutent parler de ma personne ». C’est d’ailleurs le but de Facebook. On y met en ligne notre petite vie afin de l’exhiber à l’univers entier (qui n’en a rien à faire). Tout cela risque de nous mener vers une société d’individus nombrilistes ne sachant converser que par jeux de ping-pong de Moi et de Je. À la limite, ceux-ci ne seraient pas vraiment intéressés par ce que leur raconte leur interlocuteur, endurant le discours de ce dernier seulement grâce à la promesse qu’après, ce sera leur tour de parler d’eux-mêmes.
Ne serait-il pas plus judicieux de consacrer plus de temps d’antenne à la culture, aux réflexions sur les grands enjeux actuels et à des sujets interpellant davantage l’intelligence des téléspectateurs ? Il serait probablement aussi profitable de faire de même entre nous en partageant des réflexions constructives, en échangeant sur des sujets d’intérêt commun afin d’entrer vraiment en relation et de créer des liens forts. Qu’arriverait-il si l’on cessait de se laisser abrutir collectivement par les médias afin de laisser la place à du contenu plus savoureux pour l’âme et l’esprit ?
Faute de contenu constructif, le temps d’antenne est maintenant truffé d’émissions où l’on reçoit en entrevue des artistes ou des gens du public qui n’ont aucune expertise particulière et qui n’ont rien d’important à apporter à l’avancement de la société en général. Faites le décompte des Je, des Me et des Moi prononcés par ces vedettes instantanées lors d’une entrevue et vous serez à même de réaliser à quel point c’est pathétique. Où sont passés les autres pronoms, les nous, les vous, les on ainsi que les sujets potentiellement plus intellectuels ? Ces émissions sont des occasions pour ces étoiles filantes de mettre en scène leur vie de tous les jours qui est sans grand intérêt pour la majorité de la population, reléguant aux oubliettes les vrais enjeux de société comme l’environnement, l’économie et la pauvreté.
Ce qui irrite particulièrement avec cette nouvelle vague en télévision, c’est son effet sur les téléspectateurs, particulièrement les jeunes. Ils croient que la vie est ainsi : on parle juste de soi et de ce qu’on fait, en oubliant de s’ouvrir sur ce qui se passe autour de nous. C’est simplement le résultat du message envoyé par les médias : « J’existe seulement si les autres me regardent et s’ils m’écoutent parler de ma personne ». C’est d’ailleurs le but de Facebook. On y met en ligne notre petite vie afin de l’exhiber à l’univers entier (qui n’en a rien à faire). Tout cela risque de nous mener vers une société d’individus nombrilistes ne sachant converser que par jeux de ping-pong de Moi et de Je. À la limite, ceux-ci ne seraient pas vraiment intéressés par ce que leur raconte leur interlocuteur, endurant le discours de ce dernier seulement grâce à la promesse qu’après, ce sera leur tour de parler d’eux-mêmes.
Ne serait-il pas plus judicieux de consacrer plus de temps d’antenne à la culture, aux réflexions sur les grands enjeux actuels et à des sujets interpellant davantage l’intelligence des téléspectateurs ? Il serait probablement aussi profitable de faire de même entre nous en partageant des réflexions constructives, en échangeant sur des sujets d’intérêt commun afin d’entrer vraiment en relation et de créer des liens forts. Qu’arriverait-il si l’on cessait de se laisser abrutir collectivement par les médias afin de laisser la place à du contenu plus savoureux pour l’âme et l’esprit ?